Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/147

Cette page n’a pas encore été corrigée

route des voitures, et même des diligences qui viennent de Gallipoli. Ces diligences sont des espèces de chariots tartares, non suspendus, auprès desquels les plus mauvais fourgons de nos armées seraient des voitures commodes. Au nord-ouest de la ville est une grande plaine marécageuse au milieu de laquelle, on a construit une chaussée. Au bout de cette chaussée est un pont formé de trente-deux arches. La rivière, qui traverse le pont à son embouchure, ne roule pas plus d’eau que le Granique et le Rhodius ; à quelques lieues de la mer, elle n’est qu’un torrent impétueux qu’il est difficile de contenir. C’est sur les bords de cette rivière, que l’armée de Conrad, dans la seconde croisade, fut surprise par un débordement, et perdit presque tous ses bagages.

L’ancienne cité, appelée tour-à-tour Selymbria, Selybria, et enfin Selivria ou Sélivrée, s’élève sur une grande et belle esplanade qui domine la Propontide. Sélivrée, avec sa montagne, son acropolis et ses vieux remparts, offre d’abord un aspect très-imposant, mais quand vous êtes entré dans la ville par une de ses cinq portes, vous ne voyez que des habitations délabrées, des rues sales, une population misérable, composée de Grecs et de Juifs. Au milieu des lambeaux de la pauvreté se montrent çà et là quelques souvenirs de l’histoire et des restes de l’architecture grecque et romaine. C’est dans cet Acropolis que résida quelquefois le pouvoir su-