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arrivée, les guerriers francs eurent à combattre les Turcs qui cherchaient à détruire la muraille qu’on avait opposée à leurs attaques ; l’armée ou plutôt tout le peuple des Barbares campait sur les rives du Tartius et de l’Esépus ; il se livra en ce lieu une grande bataille dans laquelle les Turcs furent presque tous tués ou faits prisonniers, et le pays fut délivré de leur domination et de leurs brigandages.

L’archevêque de Cisyque écoutait ce récit avec surprise. C’est un singulier spectacle, m’a-t-il dit, que de voir des guerriers venir les uns du fond de l’Asie, les autres de l’Occident, pour se faire la guerre dans le pays de Cisyque ; — Il y a une chose, lui ai-je répondu, qui me surprend davantage, c’est qu’un pays ait été le théâtre des plus grands événemens, sans qu’il en sache rien ; pourquoi faut-il que, sous votre beau ciel d’Orient, tant de nobles contrées n’aient de monumens, n’aient de souvenirs historiques que pour les gens qui passent ? De même qu’autrefois, des conquérans arrivaient de toutes les parties du monde, pour se disputer la possession d’une terre qui restait neutre, de même aujourd’hui, des voyageurs viennent de tous les royaumes de l’Europe pour étudier un pays qui demeure indiffèrent à leurs recherches. Pour adoucir l’amertume de ces paroles, j’ai beaucoup encouragé le prélat grec à terminer l’histoire qu’il a commencée ; il m’a promis de m’écrire, s’il faisait