Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/122

Cette page n’a pas encore été corrigée

terrain sur lequel nous marchions est glissant et fangeux en plusieurs endroits ; on voit de temps à autre des enfoncemens dans les murs en forme de grottes ; nous sommes entrés dans une cavité, d’où jaillissait une source limpide ; c’est là, nous a dit un de nos guides, qu’habite le génie malfaisant chargé de garder ces voûtes ténébreuses ; aussi aucun des hommes du pays qui étaient avec nous n’a eu le courage d’entrer dans la grotte redoutable.

Au premier aspect de ces constructions souterraines, on se rappelle que Cisyque avait dans ses murs trois grands dépôts ou magasins, l’un pour les grains, les deux autres pour les armes et les machines de guerre ; ne serait-il pas possible que ces grands édifices, mentionnés par Strabon, aient été originairement construits sous terre, et que, recouverts par les ruines, ils se soient conservés tels que nous les voyons aujourd’hui ? On doit croire toutefois que la merveille de leur conservation n’est pas due seulement à la profondeur du sol ; il faut aussi en faire honneur au mauvais génie qui a dû écarter les habitans, et protéger le marbre de ces voûtes contre le marteau des Turcs. Les souterrains de Cisyque passent en outre pour être le refuge des brigands, ce qui a pu aussi les faire respecter ; que de ruines en Orient n’ont dû leur conservation et leur durée qu’aux fables effrayantes qui en défendaient l’approche, et à la crainte des brigands et des mauvais génies !