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Au pied de la montagne, qu’on appelle la Montagne aux ours, au-dessus de l’emplacement de Cisyque, sont deux villages que les voyageurs ne manquent pas de visiter ; ces deux villages dont on connaît à peine le nom, offrent de toutes parts des débris de colonnes et des marbres enlevés à des monumens ; en voyant ainsi sous des huttes et des chaumières tout ce qui reste d’une illustre cité, je me suis rappelé que la veille j’avais vu la gloire du Granique se perdre, parmi les joncs et les roseaux d’un marécage.

Toutefois au milieu de cette solitude, de cette enceinte abandonnée qui conserve le nom de Cisyque, on peut voir encore un reste précieux de l’ancienne ville ; je veux parler des voûtes souterraines, situées un mille au nord de la Fontaine aux grands arbres ; notre soldat turc, tenant à la main une torche de sapin résineux, nous a conduits dans ces voûtes sombres. Ces souterrains sont spacieux et construits en beau granit ; des avenues ou des passages étroits aboutissent à de plus larges corridors qui se croisent et s’enfoncent comme pour conduire à des sépulcres ou a des abîmes profonds ; quelques-uns de ces passages sont pratiqués en forme d’escalier ; nous avons été obligés de monter et de descendre des degrés de pierre, en nous aidant des genoux et dés mains. Les voûtes sont humides, et laissent échapper des gouttes transparentes, qui brillent comme du cristal de roche ; le