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de Bysance. Ils ne laissaient quelquefois dans la piace que les femmes et les enfans. Muntamer, leur historien, et l’un de leurs chefs, nous apprend qu’il était resté dans Gallipoli avec deux cents soldats seulement, lorsque Doria, amiral génois, vint, défier cette petite troupe, et signifia aux Catalans de sortir du Jardin de Gênes, c’est-à-dire des domaines de l’empire grec. Muntamer refusa de rendre la ville. Les Génois sortirent de leurs galères pour livrer un assaut : le chef des Catalans fit à la hâte armer toutes les femmes, et les plaça sur les remparts, avec quelques soldats pour les commander. Le combat fut très-vif ; une grêle de pierres pleuvait sur les assaillans : les femmes se signalèrent par des prodiges de bravoure ; plusieurs étaient blessées au visage, aucune n’abandonna le champ de bataille. À la fin, dit Muntamer, l’ennemi lâcha le pied, et nous ne lui vîmes que les épaules. Tout tremblait à l’aspect de ces Catalans, que l’esprit de rapine et je ne sais quel amour de la gloire poussaient dans les combats. Cette troupe de héros et de brigands avait plusieurs fois vaincu les Grecs et les Turcs. Ils désolèrent tous les rivages de l’Hellespont et portèrent la terreur de leurs armes jusque dans l’Anatolie. Le tableau de ces héroïques brigandages est résumé avec une rare précision dans ces paroles naïves de leur historien : « Lorsque nous vînmes dans le pays (ce sont les expressions dé Muntamer), il y avait beaucoup