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haut des collines du voisinage, ce n’était plus que le silence et là solitude. Les îles d’Hières sont la dernière terre de France qui ait frappé nos regards ; je me suis ressouvenu que saint Louis avait abordé dans ces îles en revenant de sa captivité d’Égypte. Je n’étais pas fâché de commencer par là mon voyage en Orient, et le souvenir du saint roi a été pour moi comme une de ces apparitions qui encourageaient autrefois les pélerins partant pour la Palestine.

Les îles d’Hières avaient disparu le soleil avait quitté l’horizon ; nous n’avions plus que le spectacle de la mer et des étoiles du ciel. Nos pensées se sont portées naturellement vers le pays que nous venions de quitter. Je ne sais quels noirs pressentimens se sont emparés de mon esprit, et le souvenir de toutes les fêtes que je venais de voir à Toulon, ne pouvait m’en distraire. Ce n’est pas la première fois que le malheur aurait choisi un jour de fête pour frapper à la porte des rois et pour mettre tout un royaume en deuil. S’il est vrai que nous ayons toujours une espérance dans les temps de calamités, nous avons toujours aussi, une crainte pour les jours heureux. Pendant mon séjour à Toulon je voyais le général Bourmont presque tous les jours ; nous nous étions connus autrefois dans la prison du Temple, dans cette prison où chaque pierre prophétisait des malheurs. Depuis cette époque, toutes les vicissitudes de la fortune avaient