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par leurs gestes et des sons inarticulés qu’on leur a coupé la langue. En voyant ces pauvres Grecs, on se rappelle naturellement toutes les souscriptions ouvertes en Europe, tous les bals, tous les concerts donnés au profit des malheureux enfans de la Grèce. À qui a-t-on donné cet argent ? C’est une vérité fâcheuse à dire mais toutes les aumônes des philbellènes, toutes les charités des peuples et des rois, ont été employées à satisfaire de mauvaises passions, à contenir les excès de l’orgueil irrité, de l’ambition mécontente, de la jalousie toujours prête à s’armer du poignard de la sédition.

La plupart des chefs de là révolution habitent Naupli ; ils se haïssent mortellement les uns les autres ; il n’en est pas un qui ne condamnât tous ses rivaux à l’exil, s’il en avait le pouvoir, et qui ne fît revivre de grand cœur l’ancienne loi de l’ostracisme, pour se débarrasser de ceux dont la renommée ou le crédit l’importune. La nouvelle capitale de la Morée renferme aussi dans ses murs beaucoup de primats, de démogérontes, de logiotati, nobles créés par les pachas, plusieurs familles de princes nées à l’ombre du croissant ; tous ces gens-là représentent à merveille la vanité du pays, et se donnent pour cela beaucoup de mouvement. Une autre espèce d’hommes, qui est répandue dans toutes les provinces, et qui est en plus grand nombre à Naupli, ce sont les palicares, sorte de milice formée du temps des Turcs, et qui a combattu avec bra-