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attestent aujourd’hui sa décadence ; son port ne reçoit que de petites barques : le voisinage des pirates en a sans doute éloigné le commerce et l’industrie. Quelques voyageurs, entre autres M. Pouqueville, partent des ruines cyclopéennes de Limera, qu’on trouve à une lieue de Mononbasie, et qui portent l’empreinte des temps les plus reculés. Après ces ruines, la seule des célébrités de ce pays qui ait résisté au temps, ce sont les vignobles de Malvoisie qui couvrent les coteaux voisins de la mer, et dont la verdure éclatante contraste agréablement avec les plaines et les campagnes desséchées de cette partie de la côte.

Le calme ou les vents contraires ont souvent changé ou suspendu notre marche. J’aurais bien voulu aborder quelquefois dans le port le plus voisin, ou descendre sur les rivages que nous voyions dans notre route ; j’aurais voulu visiter l’intérieur de chaque pays, connaître ses habitans, étudier son histoire sûr les lieux mêmes. Malheureusement il faut se contenter de la perspective. La situation où je me trouver en côtoyant ainsi la Grèce et ses îles, ne ressemble-t-elle pas un peu à celle d’un homme studieux qui serait condamné à se promener devant les rayons d’une riche bibliothèque fermée par des vitraux et des treillages ? Il ne pourrait voir que le dos, le titre et la forme des volumes mais il ne lui serait pas permis d’y toucher, et tout ce que ces livres contiennent, serait pour lui lettre