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ne faisaient que fort peu de cas de l’armée française ; ils espéraient même qu’elle ne tarderait pas à se décourager ; mais Guillaume, blessé de leur orgueil et plein de colère, jura, sur son épée, de ne pas s’éloigner qu’il n’eût pris la place. Plusieurs trébuchets furent aussitôt établis, qui tiraient jour et nuit sur la ville ; ces machines de guerre abattaient les maisons et tuaient les hommes. » Le chroniqueur, après avoir donné ces détails, ajoute que le siège dura plus de trois ans. « Les assiégés manquant de tout, et presque forcés de se dévorer les uns les autres, égorgèrent les souris et les chats. Enfin, ils proposèrent de se rendre, à condition qu’on leur laisserait leurs biens et leurs privilèges, et qu’ils ne seraient tenus de ne servir le prince que par mer, en recevant toujours une somme pour l’équipement, et de plus, une légère indemnité ou gratification. Guillaume accepta cette proposition, qu’il fit mettre par écrit, et qu’il scella de son sceau. Puis, en homme sage qu’il était, il distribua aux députés de la ville de superbes coursiers, des habillemens d’or et d’écarlate, et leur donna des terres dans la Laconie. »

Vous voyez par ce récit que Mononbasie, ou Napoli de Malvoisie, était, alors une ville maritime très-florissante. Elle fut rendue à l’empereur grec Michel, puis tomba au pouvoir des Vénitiens, qui l’ont occupée pendant près de deux siècles. Ses murailles et ses maisons, qui tombent en ruines,