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La nuit nous a surpris, lorsque nous avons eu dépassé l’île de Cérigo et le cap Matapan. L’île n’était plus dans le lointain qu’un point noir au milieu d’une mer azurée. Le cap Assomeur d’Hommes projetait au loin sur les flots les ombres de sa montagne. Le lendemain, au lever du jour, nous avions à notre droite, vers l’ouest, l’île de Paula, sur laquelle l’histoire ne dit rien de remarquable, et que nous n’avons pas vue d’assez près pour que je puisse vous en parler. Comme les vents sont devenus contraires, nous avons été obligés de louvoyer ; et dans une bordée qui nous a rapprochés de la terre-ferme, nous nous sommes trouvés en face de Napoli de Malvoisie. Les Grecs et même les Turcs lui ont conservé le nom de Mononbasia qu’elle avait sous la domination des Champenois. Elle a été bâtie avec les ruines de l’ancienne Épidaure Limeria, sur une colline qu’environnent de toutes parts les eaux de la mer. La Morée n’avait point de place plus forte au moyen-âge ; ce fut la dernière ville fortifiée qui tomba au pouvoir des Croisés. Guillaume de Villardoin, pour s’en rendre maître, eut besoin d’invoquer le secours du duc d’Athènes, du grand sire de Thèbes, des seigneurs de Céphalonie et de Négrepont, de la république de Venise. Le prince, dit la chronique, établit le blocus devant la ville, et ressera Mononbasia aussi étroitement qu’enferme le rossignol dans sa cage. Bien pourvus de tout, les habitans