Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/71

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que, et dans une humeur farouche et indocile un certain amour de la liberté ; nous ayons pu prendre ainsi des passions barbares pour des passions généreuses. Quoique les Maniotes se vantent d’avoir combattu pour la révolution de la Grèce, je ne crains pas de prédire qu’ils resteront étrangers à tout progrès de la civilisation chez les Hellènes et que le caractère de ce peuple ne changera pas plus que l’aspect sauvage, de ses montagnes. Au mois de mai dernier, le comte Capo-Distrias avait voulu envoyer un gouverneur dans le Magne ; mais on a fait dire à celui qui était désigné pour cette mission, que s’il aimait la vie, il ne prît point possession de son gouvernement. Quant aux habitans du cap Ténare, ils ne renonceront jamais à leurs brigandages, car ils n’ont pas d’autre moyen de subsister. On leur a envoyé des missionnaires pour leur prêcher l’ordre et la paix, ils ont continué leurs pirateries ; on leur a enlevé leurs barques, ils en ont trouvé d’autres. Il n’y a pas de jours qu’on ne parle de leurs excursions nocturnes sur la côte. Je ne connais qu’un moyen de les arracher à leurs habitudes et d’en faire des citoyens utiles, c’est de les éloigner du rivage de la mer, et de leur donner dans l’intérieur du pays des terres à cultiver.

Après, avoir doublé le cap Ténare, nous avions à notre gauche le golfe de Laconie. Les sommets blanchis du Taygète se montraient encore à nos re-