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dont on voit encore les ruines. À l’aspect de ces deux forteresses et du château de Misithra, les habitans du Magne promirent de reconnaître l’autorité du Champenois, à condition néanmoins que leurs droits seraient respectés, et qu’on n’établirait point de seigneurie dans la contrée comme on l’avait fait dans les autres provinces de la Morée.

Il est probable que, dès cette époque, les Maniotes empruntèrent aux Francs plusieurs coutumes de la féodalité. Les capitaines qui commandent dans chaque village, et qu’on pourrait appeler des seigneurs châtelains, les Heparkes ou seigneurs de plusieurs villages réunis qui sont comme les marquis et les comtes dès âges féodaux, les beys, dont l’autorité s’étend sur une province, et qui représentent les princes ou les ducs, toutes ces divisions du territoire, ces seigneuries en un mot, dépendant les unes des autres, ne nous offrent-elles pas une image des gouvernemens de l’Europe aux siècles des croisades ? Les Turcs sont venus après les Champenois, et quoiqu’ils n’aient pas été plus heureux et qu’ils n’aient jamais pu complètement établir leur domination dans le Magne, quelques-unes de leurs institutions s’y sont néanmoins accréditées, de sorte que le gouvernement des Maniotes présentait dans les temps modernes, et présente encore aujourd’hui le singulier mélange de la féodalité du treizième siècle et de la politique du sérail. Ajoutez à cela que ce peuple a conservé dans