Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/60

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ture grecque et d’architecture romaine La ville d’Aristomène, la ville rebâtie par Epaminondas était depuis long-temps ensevelie sous l’herbe, et la végétation qui couvrait ses ruines en avait jusqu’ici dérobé la vue aux voyageurs ; cette montagne, dernier asile d’un peuple malheureux, n’est plus habitée que par des sangliers sauvages. On n’y entend plus que la prière des caloyers, qui ont là un monastère, et le bruit d’une source limpide, s’échappant parmi des rochers et des troncs d’arbres.

J’ai relu sur le pont du Loiret le récit des guerres qui ont fait de Messène une profonde solitude. Un peuple, comblé de biens et de gloire, fut dispersé jusque dans la Sicile, jusque dans la Lybie. Quels étaient donc les ennemis des Messéniens ? Des Grecs, les Spartiates, leurs plus proches voisins. Ainsi la Grèce antique se déchirait elle-même ; les Turcs, dans leurs conquêtes, se sont montrés moins cruels, et n’ont pas forcé, les habitans à fuir loin de leur patrie. Quel est donc ce patriotisme farouche et jaloux qui ne s’exhalait que par la haine, et qui ne s’enflammait que pour donner la mort. Les savans de la commission française ne tarderont pas sans doute à publier leurs découvertes. Que Messène sorte enfin, à leurs voix, du sépulcre où elle dort depuis tant de siècles ; qu’elle reparaisse au grand jour, non pas vivante et dans son antique splendeur, mais défigurée, couverte de ses blessures, entourée, des images de deuil qu’elle re-