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sionomie, à l’exception que Coron se trouve dans l’enfoncement d’un golfe. Cette dernière ville occupe, dit-on, l’emplacement de l’ancienne Colonides ; Pausanias y avait vu un temple de Diane, un temple de Bacchus et d’Esculape ; on n’y trouve aucun vestige d’antiquités ; seulement Le Lion de Saint-Marc atteste encore, sur des murailles délabrées, la domination des Vénitiens. Les Turcs de Coron passaient pour être les plus barbares du Péloponèse ; aussi la révolution y a-t-elle été plus sanglante qu’en aucun autre pays de la Grèce.

À quelque distance de Coron, de l’autre côté du golfe, nous apercevons Calamata. Si nous en croyons les voyageurs qui nous ont précèdés, toutes les campagnes voisines du golfe de Messénie, tout le pays qui s’étend depuis le mont Itôme jusqu’au Taygète, n’étaient qu’un vaste jardin planté d’oliviers, de mûriers et d’orangers. Tout a été ravagé par la guerre ; mais telle est la fertilité du sol, que la végétation commence à reparaître, et qu’on aperçoit au loin de vastes tapis de verdure sur les coteaux ; on nous a dit qu’une émeute populaire, avait éclaté à Calamata, à cause, d’un impôt sur le bétail. Pour effrayer les habitans et les ramener à l’obéissance, on avait répandu le bruit que les Français allaient marcher contre eux. À cette nouvelle, tout le monde s’était enfui dans les montagnes. Depuis quelques jours, ils sont rentrés dans les maisons, mais bien décidés à ne pas payer l’impôt,