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Beaucoup de batailles navales se sont livrées autour des îles Ænuses, mais jamais aucun de ces combats n’eut leur possession pour objet ; je ne vous parlerai point de l’idée singulière qu’on a eue, il y a peu d’années, de placer dans ces îles, l’ordre si célèbre de Malte, et d’établir sur des rochers nus, sur des ilots incultes ce qui nous reste de l’ancienne chevalerie des croisades. Tout ce que je puis vous dire sur les îles Sapience ou Sapienza, c’est que les amiraux des flottes alliées y ont tenu une conférence, avant la bataille de Navarin. Ce seul souvenir historique ne suffisait pas pour attirer long-temps notre attention ; aussi nos regards se portaient-ils le plus souvent sur la côte de Morée. Les tours et les remparts de Modon que nous avons visités pendant notre séjour à Navarin nous apparaissaient à notre gauche, et nous présentaient un spectacle pittoresque et animé. Pausanias rapporte que des vents terribles désolaient les parages de Modon, et qu’on y adorait Minerve sous le nom d’Anémotis parce que cette déesse avait interposé sa puissance contre les tempêtes. Quand nous y ayons passé, les vents favorables enflaient nos voiles, et nous n’avons pas eu besoin d’implorer le secours de la déesse Anémotis.

En poursuivant notre route, nous avons bientôt découvert la ville de Coron, située à huit ou dix lieues de Modon ; ces deux villes sont comme deux sœurs qui ont la même histoire, et la même phy-