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Les fortifications de Modon sont aujourd’hui dans un très-bon état ; les ruines qui encombraient l’enceinte de la ville ont été enlevées, et de vieilles masures ont fait place à des maisons nouvellement bâties. Mais ces maisons sont en petit nombre, les habitans ne s’élèvent pas à plus de deux cents, et Modon ressemble bien moins à une, ville nouvelle qu’à une place forte évacuée. Un misérable bazar, où se trouvent à peine quelques comestibles grossiers, où vous ne rencontrez que des Grecs sales et déguenillés, deux pauvres tavernes dont l’une est tenue par une cantinière, et l’autre par un vieil Italien, voilà ce que l’on trouve dans cette ancienne Méthone, que le roi des rois promettait au fils de Pelée pour apaiser sa colère. Ce qu’on appelle la place d’armes est un espace vaste et bien pavé, où la garnison française à coutume de promener son désœuvrement, je dirai presque les ennuis de l’exil. Il est resté à Modon trois ou quatre Turcs, qui sont un objet de curiosité. Une remarque générale, c’est que les Turcs ont partout quitté les villes ou ne flotte plus l’étendard du Croissant ; d’après l’animosité qui a présidé à la guerre, on devait prévoir que les vainqueurs et les vaincus ne pourraient jamais vivre ensemble. Les osmanlis d’ailleurs, qui ont l’orgueil du Coran bien plus que les chrétiens n’ont l’humilité de l’Évangile, ne restent guères que dans les pays où ils commandent. Les Grecs ne leur ressemblent pas