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arriver dans son propre pays, qu’il ne s’inquiète de ce qui se passe chez des peuples inconnus. Mille têtes sont tombées, des pachas lèvent l’étendard de la révolte, un Turc ne donnerait pas un para pour savoir pourquoi on a coupé ces têtes, et qui doit l’emporter de la Porte ou des pachas rebelles. Ainsi, une grande révolution s’avance sans être à peine remarquée dans le pays où elle se fait. Il me semble voir un orage qui éclate sous un ciel serein et qui tombe sur la terre sans bruit.

Vous pouvez juger par la que si le sultan Mahmoudh n’est pas secondé dans son entreprise par les sentimens populaires, il ne sera jamais non plus contrarié par une opinion très-hostile. Si j’étais souverain de la Turquie, et que j’eusse des projets de réforme, peut-être aimerais-je mieux avoir affaire à l’indifférence qu’aux passions, même à celles qui pourraient me favoriser un moment. On sait que l’indifférence laisse faire tout ce qu’on veut ; elle n’est jamais exigeante et ne demande jamais de compte à personne ; l’indifférence, en un mot, ne sert pas, mais elle est rarement un obstacle. Les passions vous aident quelquefois, mais elles sont comme les vents de la mer pour les navigateurs ; ils vous poussent lorsqu’ils sont favorables, mais lorsqu’ils viennent tourner, leur souffle impétueux vous emporte tout à coup à cent lieues de votre chemin.

Cependant les habitant de Kounkalé ne cessaient