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Les regards du poète ne s’arrêtent que sur des rois et des princes, et sa muse aristocratique porte ses dédains jusques sur le champ de bataille ; il faut commander aux autres pour avoir droit à ses éloges et même à son attention ; au reste, cette espèce de mépris ou plutôt cette indiférence qu’il affecte pour la multitude exprime assez fidèlement l’esprit des temps héroïques, à qui le gouvernement populaire était inconnu, et qui ne comprenaient que l’aristocratie et la royauté.

En parcourant les environs de Kounkalé, nous ne pouvions oublier ni la petite cite d’Achilleum qui fut bâtie au lieu même où s’élevait la tente d’Achille, ni l’acritos tumbos ou tombeau commun placé en avant du camp des Grecs ; nous n’avons trouvé aucune trace de la cité qui portait le nom d’Achille ; le tombeau commun, situé près du village de Konn-Keui, est encore une élévation ou un grand monceau de terre couvert de gazon ; sur ce vaste tumulus sont dispersés plusieurs tronçons de colonnes qui sans doute ont été apportées là dans des temps modernes. Le tombeau commun comme tous les tombeaux de la Troade attestent le respect des anciens pour les morts ; c’est à ce respect pour les saintes dépouilles de l’homme que nous devons les seuls monumens qui soient restés dans ce pays, et qui attireront long-temps encore les regards des voyageurs.

En visitant l’Acropolis, je vous ai parlé des tom-