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héros grecs n’avait amené sa femme avec lui ; quoiqu’ils eussent pris les armes pour venger l’hymen outragé, tout ces guerriers, jusqu’au vénérable Nestor, avaient une ou deux captives, objet de leur préférence. Ils passèrent ainsi dix ans avec leurs nouvelles compagnes, ce qui ne fut pas ignoré sans doute des épouses délaissées, et dut exciter de terribles jalousies ; vous savez quelles furent les suites de ces longues infidélités pour le prudent Ulysse et pour le superbe Agamemnon.

La population du camp des Grecs ne se composait pas seulement de guerriers ; mais un peuple nombreux avait suivi l’armée ; toute la Grèce était là avec son industrie et ses arts encore grossiers, avec ses passions et ses misères, avec ses vertus et ses vices. On regrette quelquefois qu’un aussi grand peintre qu’Homère ait négligé de nous montrer avec quelques détails tout ce qu’il devait y avoir de mouvement et de vie dans ce peuple campé ainsi en présence d’Ilion. La foule vulgaire des Grecs ne figure jamais dans les tableaux de l’Iliade ; le poète ne nous dit point assez quelle part prenait ce peuple à la gloire, aux travaux, et même aux fêtes de l’armée grecque. On ne voit jamais sur la scène que les chefs, soit qu’il représente la course des chars ou qu’il décrive la course à pied et le combat du ceste, Homère ne fait entrer dans ia lice que des guerriers tels qu’Agamemnon et Ménéias, Diomède, Ulysse, Ajax, fils d’0ïlée, Antiloque, fils de Nestor.