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ronces, des pierres et quelques boulets couverts de rouille.

Telles sont les images qui frappent les regards du voyageur lorsqu’il arrive dans la Grèce par le port de Navarin. Je ne veux pas, mon cher ami, vous laisser dans des idées aussi tristes ; et pour vous distraire de tant de lugubres tableaux, je vais vous conduire à la divine Pilos. La montagne de Zanchio, où nous plaçons Pilos, est séparée de l’île de Sphacterie par un petit détroit : cette montagne est assez haute et fort escarpée, et le côté septentrional est couvert de bois épais et difficiles à franchir. Du haut de son sommet la vue se promène, à l’occident sur la vaste mer, au nord sur des côteaux boisés, à l’est sur des plaines et des vallons rians, au midi sur la rade et sur les barraques du nouveau Navarin. Je dois vous dire néanmoins qu’il s’est élevé parmi les savans quelques discussions sur le véritable emplacement de l’ancienne Pilos. Thucydide donne le nom de Pilos à une ville située au lieu que je viens de décrire ; il est vrai qu’il ajoute que cette ville était nouvellement bâtie. M. Pouqueville place l’ancienne ville au village de Pila, en face de la rade, dans les montagnes. Il a trouvé là des ruines qui remontent à la plus haute antiquité ; il est fâcheux que le bon Nestor, qui n’épargnait pas, les détails dans ses discours, n’ait rien dit sur sa capitale, qui puisse éclaircir nos doutes et nous mettre dans le cas de pro-