exprès pour expliquer l’Énéide et l’iliade. Je crois qu’on ferait volontiers le voyage d’Orient pour suivre cette école d’Homère et de Virgile, surtout si nos érudits donnaient l’exemple ; vous venez de voir que les habitans de l’Olympe visitaient souvent la Troade, c’était là le merveilleux des temps héroïques ; le merveilleux aujourd’hui ne serait-il pas de voir d’illustres savans quitter le fauteuil académique pour voir les ruines des vieilles cités et nous enseigner les beautés des anciens ? Pourquoi les gens de lettres ne feraient-ils pas comme les botanistes qui voyagent pour étudier les plantes et les fleurs dans le pays qui les a produites et sous le ciel qui les a fait éclore ? Homère a long-temps voyagé dans ces contrées, et vous savez quels trésors de poésie il a trouvés sur les ruines d’Ilion. Que de belles pages lord Byron ne doit-il pas à son séjour dans les pays que nous parcourons ! N’avons-nous pas vu le plus illustre de nos écrivains du temps présent demander tour à tour de nobles inspirations aux grandes solitudes de l’Amérique et aux ruines de l’antique Asie !
Pour moi, simple voyageur, je n’avance à travers l’Orient que pour m’instruire et non pour instruire les autres, pour jouir des chefs-d’œuvre du génie et non pour produire en public mes propres pensées ; je n’ai point d’autre bonheur que celui de relire les poètes qui ont illustrés les lieux que je parcours. Dans quelques mois, je visiterai la Palestine, et la