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âmes, la piété filiale, la tendresse paternelle, le patriotisme, victime de son dévoûment, la vertu aux prises avec le malheur. Je pourrais vous répéter ici ce que je disais tout à l’heure, en parlant des adieux d’Andromaque et d’Hector, car la fuite du héros troyen est encore une scène de famille. Au milieu de la désolation générale, nous aimons à suivre des pénates errans et proscrits ; le malheur prend ici une physionomie d’homme, et nous pouvons distinguer tous ses traits. Nos regards se détournent des scènes confuses de la destruction, mais ils ne peuvent se détacher du spectacle que nous présentent ces derniers restes de Troie, fuyant leurs foyers détruits. Voilà ce qui fait couler nos larmes. Mais si vous n’avez pas oublié ce qu’ont promis les destins, que de nobles pensées viendront se mêler à votre douleur ! La ville éternelle va naître des cendres d’Ilion et cette famille sur laquelle vous pleurez, sera l’origine d’un grand peuple ; d’un coté c’est l’empire de Priam qui tombe, de l’autre, c’est la grandeur de Rome qui commence.

J’aurais beaucoup de choses encore à vous dire sur cette séance à l’Acropolis, mais je crains d’être au-dessous de la tâche que je me suis donnée ; je souhaite que des gens plus habiles que moi achèvent ce que j’ai commencé. Si j’étais riche, j’achèterais du sultan Mamoudh la permission de fonder sur l’Acropolis ou aux portes Scées une chaire tout