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chiens nourris dans mon palais, et qui en gardent les portes viendront se rassasier du corps et s’enivrer, du sang de leur maître, qu’ils, ne reconnaîtront plus. »

Nous avons lu tout haut les plus beaux passages du second livre de l’Énéide ; tandis que nous faisions redire aux échos du Simoïs des malheurs qu’ils avaient depuis long-temps oubliés, nos regards se portaient sur ce tumulus solitaire qu’on appelle le tombeau de Priam, plus loin, sur cet autre tumulus appelé le tombeau d’Hector, et sur plusieurs autres tombes sans nom. Ces monumens funèbres et le désert qui les environne ajoutent leur témoignage, muet au récit éloquent du poète, et chacune de ces pierres dispersées nous dit qu’il n’y a plus d’Ilion. La vue des ruines, comme la voix des mourans, a quelque chose de prophétique ; je ne sais pourquoi les révolutions des temps passés me donnent de secrètes alarmes pour le temps où nous sommes ; je suis près de regretter les larmes que je viens de donner aux infortunes poétiques du roi Priam. Les destins n’ont pas cessé de puiser pour les rois dans le tonneau funeste et d’autres malheurs, des malheurs plus réels, viendront demain peut-être solliciter notre compassion ; mais détournons ces tristes pensées, et revenons à Virgile.

En regardant du côte du Simoïs et de l’Erinéos, nous découvrons l’endroit où fut la porte Idéenne. Le pieux Énée sortit par cette porte lorsqu’il prit