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Priam le nom de divin Hector. En effet quel plus beau spectacle dans les sociétés humaines que celui d’un héros qui se dévoue au salut de sa patrie et qui périt avec elle ! Dans cet Orient que nous parcourons maintenant, n’a-t-on pas vu, il y a trois siècles, un autre Hector périr au milieu des débris d’un autre Ilion et le dernier des Constantin tombant glorieusement avec Bysance, n’est-il pas plus grand aux yeux de la postérité que le prince du même nom qui avait fondé la cité impériale ?

Quant au caractère d’Achille, il est admirable comme conception épique : mais comme caractère moral, il nous révolte en certains endroits ; en voyant la fureur qu’il exerce sur le cadavre d’Hector, on a besoin de se rappeler que ce héros impitoyable pleure quelquefois comme les autres hommes, et que c’est l’amitié au désespoir qui le pousse à ces excès de barbarie. J’ajouterai une seule observation qu’on n’a point faite : Achille a le pressentiment de son trépas ; les dieux lui ont annoncé qu’il ne reverrait point son vieux père Pélée ; cette préoccupation de sa fin prochaine, qui le suit au milieu du carnage, donne à son caractère je ne sais quoi de mystérieux et de triste qui nous intéresse et nous attendrit ; en le considérant ainsi, nous ne voyons plus en lui qu’un glorieux instrument du destin, un héros qui se débat sous la fatalité. Il explique fort bien lui-même son caractère et la mission que les dieux lui ont don-