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Les hauteurs du Gargare où règnent les orages, les vallées où sourit le printemps, les rives du Scamandre et du Simoïs la nature du climat et les beautés du ciel d’Orient, tout ce spectacle se retrouve sans cesse dans l’Iliade avec ses merveilles et ses variétés infinies. Soit qu’il nous représente Jupiter assis au sommet de l’Ida, entouré de majesté, lançant la foudre ébranlant la terre, soit qu’à travers les vapeurs légères d’un nuage d’or, il nous montre le safran parfumé, le lotot délicat, la blanche hyacinthe et mille autres, fleurs croissant à l’envi autour de la couche des dieux, vaincus par l’amour, Homère exprime toujours fidèlement les impressions diverses que font naître les paysages tour à tour rians et sublimes de ces contrées. Par là, le merveilleux du poète ne cesse point d’être naturel et vrai ; les tableaux qu’il nous présente ont souvent un air de grandeur, d’exagération même qui n’en altère point la vérité, et tout s’y voit comme dans ces verres de l’optique, où les objets grandissent, mais conservent toujours leurs formes et leurs proportions. Plus on a vu le pays que nous parcourons, et qu’Homère a sans doute visité lui-même plusieurs fois, plus on reconnaît que non seulement il a décrit les lieux avec fidélité, mais que les lieux ont soutenu, ont animé son génie, et lui ont fourni une grande partie de ses images et quelques-unes de ses plus belles conceptions.