Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/392

Cette page n’a pas encore été corrigée

ciens géographes, tels que Strabon et Démétrius de Sepsis, avaient adopté les traditions mensongères des IIiens, et changé la dénomination des fleuves. Le Scamandre et le Simoïs avaient perdu leur gloire et même leur nom, et la géographie, comme l’histoire, ne trouvait plus devant elle que des incertitudes et des ténèbres. Pour retrouver la Troade des premiers temps, la Troade d’Homère, il a fallu d’abord reconnaître les sources et le cours des fleuves si souvent cités dans l’Iliade. C’est ce qu’a fait M. Lechevalier, et je me plais à répéter ici que toutes ses explications paraissent claires et satisfaisantes. La plupart des voyageurs ont rendu justice au résultat de ses recherches. Mais, parmi les savans qui voyagent dans les contrées lointaines, il s’en rencontre toujours quelques-uns qui ne se mettent pas en chemin avec l’intention de voir les choses comme d’autres les ont vues ; notre public d’Europe veut du nouveau, et lorsqu’il ne reste rien de nouveau à dire, on y supplée par des paradoxes et des systèmes improvisés qui ont l’air d’une nouveauté ou d’une découverte. Je citerai pour exemple le docteur Clarke qui, pour ne pas reconnaitre avec M. Lechevalier l’emplacement de Troie à Bournarbachi, a imaginé de chercher cet emplacement sur les bords d’une petite rivière, que les Turcs appellent Kalafat-Osmak (eau de Kalafat). Je sais bien que les ruines abondent dans cette partie de la Troade,