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et désert ; tel est aujourd’hui l’emplacement de la vieille Ilion, ou plutôt de son Acropolis.

Nous étions revenus à Bournarbachi vers les deux heures après midi. C’est à Bournarbachi qu’on place les portes Scées ou les portes du couchant. Les portes Scées sont restées aussi célèbres que Troie elle-même, car Homère y a placé les scènes les plus intéressantes de l’Iliade. C’est par là que les Troyens sortaient pour combattre les Grecs ; c’est là que s’élevaient les hautes tours où les vieillards de Troie racontaient les merveilles des temps passés, semblables aux cigales oisives qui perchées sur les arbres, remplissent l’air de leur chants harmonieux. On ne peut prononcer le nom des portes Scées, sans se rappeler les adieux d’Andromaque et d’Hector, et ce combat héroïque, la plus grande scène de l’Iliade, dans laquelle nous voyons triompher la colère d’Achille, et tomber le dernier appui de la ville et du royaume de Priam. Quelques auteurs disent qu’on voyait sur la porte Dardanienne l’image d’un cheval sculpté en bois ; ce qui avait donné lieu à la fable du cheval de bois, d’Epeus. Il paraît que les tours qui s’élevaient aux portes Scëes étaient très-fortes, car jamais on n’attaqua les murailles de ce côté de la ville. Patrocle osa porter la main sur les murs bâtis par Apollon, mais le dieu défendit lui-même son ouvrage. Il faut ajouter aussi qu’Homère ne parle pas d’un seul assaut livré à la cité d’Ilion, ce qui prouve que l’art des sièges était alors