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que ce que j’ai vu au-dessus de l’Acropolis ne saurait fixer votre attention ni la mienne ; à trente ou quarante pas du pic de ce plateau, nous avons reconnu une citerne à demi comblée par des pierres ; cette citerne pourrait bien être de la plus haute antiquité, et pour peu que cela vous plaise, je vous la désignerai comme la ruine la plus apparente de la vieille Troie. Parmi les voyageurs qui nous ont précédés, les uns ont vu à l’extrémité du Pergama deux assises de pierres taillées et posées les unes sur les autres ; d’autres ont remarqué au-dessous du plateau, au côté oriental, des traces de murailles, des restes d’un escalier. À notre avis, la seule ruine qui parle aujourd’hui de l’antique Ilion, c’est ce grand pic qui portait les hautes tours troyennes, ce sont ces rochers qui défendaient l’Acropolis comme des remparts inaccessibles, ces ravins profonds creusés par le fleuve orageux, qui offraient à l’ennemi comme autant de fossés que nul ne pouvait franchir. Voilà tout ce qui reste de la ville battue par les vents de la citadelle élevée sur des abîmes ; je voudrais que sur quelque rocher de cette colline solitaire, on gravât ces paroles si souvent répétées : campos ubi Troja fuit ; ces quatre mots latins seraient comme une inscription funèbre placée sur le tombeau de la cité. Chez les anciens, un lieu frappé de la foudre était comme une enceinte sacrée, personne ne l’habitait ; aucun arbre ne pouvait y croître ; c’était un lieu stérile