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Le soleil se levait sur les hauteurs de l’Ida, et inondait de ses premiers rayons les bois verdoyans dont ces montagnes sont couronnées. Les chênes étaient humides de la rosée du matin ; le sol nous offrait partout des tamarins bleus ou blancs, des fleurs de mauve épanouies, le thym odoriférant et des espaces couverts de chardons étoilés, dont la fleur bleu-de-ciel donnait à la terre l’aspect de la plaine azurée.

À une heure et demie de Keiklé, nous avons passé auprès de quelques cabanes habitées par des familles musulmanes. Ces pauvres chaumières contrastaient d’une manière frappante avec l’éclat et la magnificence de la nature qui les entourait. Nous avons laissé sur notre gauche un petit village turc, appelé Ouigé.

La vue du paysage nous préoccupait tellement que nous avons perdu le chemin, et que nous nous sommes égarés dans les bois. Heureusement que, pour retrouver notre route, nous avions devant nous les sommets de l’Ida, et que nous avons bientôt découvert, au nord-ouest, le cap Sigée, dominant au loin l’Hellespont, et le premier château d’Asie, dont les tours et les murailles blanches se montraient au bord de la mer. Tout ce que nous apercevions autour de nous, semblait nous dire que nous n’étions pas loin des lieux où fut Troie. Madame Cottin me disait un jour que, dans son voyage d’Italie, l’approche de Rome avait tellement exalté son esprit,