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de l’Ida s’étendaient à notre droite ; l’aspect de ces montagnes réveillait nos souvenirs homériques, et peu s’en est fallu que je n’aie pris pour le fameux Scamandre un ruisseau limpide dans lequel nous avons abreuvé nos chevaux. Nous sommes arrivés à six heures du soir dans un village appelé Keiklé, situé au milieu de belles campagnes.

Le village de Keiklé est habité par des Turcs et des Grecs. Une pauvre famille grecque nous a donné, l’hospitalité ; mais l’humble réduit où elle était logée, ne pouvait suffire à notre caravane, et nous nous sommes répandus pêle-mêle dans un jardin attenant à la maison, sous de hautes treilles et des figuiers touffus. Nous avons vu arriver avant la nuit M. Poujoulat et l’interprète Dimitri qui venaient de chercher une cité jadis florissante et n’avaient trouvé à la place qu’une forêt de chênes ; mon jeune compagnon rédigera la relation de ce qu’il a vu et je la placerai à la suite de ma lettre, comme un épisode a notre odyssée.

Nous avons parcouru le village de Keiklé et ses alentours ; le pays paraît riche et magnifique, mais le village n’est habité que par la misère. On n’y trouve aucune ruine curieuse, aucun vestige de l’antiquité. Les musulmans n’y ont qu’un oratoire sans minaret ; cette chapelle turque se trouve à côté de la maison grecque où nous avons été accueillis. Après quelques courses dans le voisinage, nous sommes venus nous asseoir sur des bancs de