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débarquer, car il était trop sûr, disait-il, de n’y trouver que la misère.

Au-delà de Lemnos, nous découvrions les montagnes de Samothrace, dont les cimes sont couronnées de neige. Plusieurs fois le mont Athos a frappé nos regards : c’était le seul spectacle qui eût pour nous quelque charme pendant ces courses vaines et monotones. Vous savez que Xerxès écrivit autrefois au mont Athos qui, sans doute, ne répondit point ; vous savez aussi qu’un artiste grec eut la pensée de faire de cette montagne une statue d’Alexandre. Le conquérant macédonien devait tenir dans une de ses mains la source d’un fleuve, et dans l’autre une cité. On n’a jamais mis tant de grandeur dans la flatterie. Dès les premiers temps du christianisme, le mont Athos fut appelé la Montagne sainte. Les moines grecs du Bas-Empire se vantaient d’y être illuminés par le feu divin. Les princes et les empereurs vinrent quelquefois oublier dans cette retraite les misères de la puissance. Les Turcs s’emparèrent de tout l’empire de Constantin ; mais ils laissèrent le mont Athos aux caloyers. Deux mille cénobites y forment une colonie chrétienne vouée au travail, à la prière et à la pénitence. On a cru long-temps que les caloyers du mont Athos avaient conservé les trésors littéraires de l’antiquité grecque ; mais les recherches de Villoison, du docteur Carlile et de plusieurs autres savans voyageurs, n’ont produit aucune découverte.