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dans l’intérieur de l’île ; au milieu de la variété des paysages, nous avons partout reconnu des traces de volcans ; nulle part la population n’est en proportion de l’étendue et de la fertilité du pays. L’air y est malsain en beaucoup d’endroits ; la fièvre et même la lèpre y dévorent les habitans dont le nombre ne s’élève pas à soixante mille. Nous avons poussé une de nos courses jusqu’à Molivo, sur la rive occidentale de l’île. Ce bourg, assez bien peuple, occupe la place de l’ancienne Méthymne  ; il est bâti au bord de la mer, sur le penchant d’une colline. Le voyageur Olivier avait vu à Molivo un jeune musicien dont les improvisations lui avaient rappelé la patrie d’Arion ; nous n’y avons rien trouvé de semblable ; les Grecs de ce pays ne se font remarquer que par un chant monotone ; ils n’ont que de grossiers instrumens qui ne sauraient, produire une véritable harmonie ; leurs chansons sont dépourvues, d’inspiration et de verve. Rien, en un mot, ne peut rappeler chez les modernes le souvenir d’Arion et de Therpandre ; et, sur ces rives qui furent autrefois si harmonieuses, je crois qu’il n’y a guère que le rossignol qui ait conservé ses chants et, qui n’ait pas dégénéré. Nous n’avons pu découvrir des traces de l’ancienne Méthymne ; point de ruines, si ce n’est les murailles d’un château génois ; la ville a deux couvens de filles, qui servent de maisons de correction pour les femmes de mauvaises vies ; les habitans de Molivo ont très-hospi-