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aient pu le prendre pour l’église de saint Jean, bâtie par Justinien. C’est aux princes fondateurs d’Aia-Solouk que cette mosquée doit son origine. Je ne vous dirai rien de l’aqueduc d’Aia-Solouk qui, recevant les eaux de la fontaine Halitée, au pied du mont Pactyas, venait abreuver la forteresse et la cité. Cet aqueduc est construit avec des débris d’Éphèse, dont plusieurs sont couverts d’inscriptions recueillies par différens voyageurs. J’y ai compté trente-six arches ou piliers tombant en ruines. Tel est l’état présent d’Aia-Solouk.

La nuit m’a surpris remuant encore les pierres de la cité musulmane. L’aga et ses gardes, qui m’avaient suivi pendant toute ma promenade, sont descendus avec moi vers le platane où m’attendait Mahomet, mon muletier. Des ordres ont été donnés pour le repas du soir. Osman, fidèle aux antiques usages de l’Orient, a fait tuer un agneau en mon honneur ; on l’a servi tout entier dans un grand vase de bois : il était rôti et farci de pilau, et son parfum flattait agréablement l’odorat de sept ou huit convives affamés. La table, du festin semblable à un tabouret rond avait un pied de hauteur. Nous nous sommes assis, les jambes croisées, autour de cette table, en plein air, éclairés par un lampion posé sur un débris de piédestal. Ce festin, digne des héros de l’Iliade était une fête pour Aia-Solouk ; le calme et le silence du soir, la lune rayonnant dans le ciel, tous les serviteurs et les