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approché de l’ouverture de la citerne, deux corneilles, frappant l’eau de leurs ailes, se sont échappées du fond de ce puits, et ont plané quelque temps au-dessus de nos têtes, sans vouloir nous quitter ; un Éphésien du siècle de Lysimaque eût regardé ces deux oiseaux comme deux augures. À l’Ouest du château, au bas de la montagne, s’élève une grande mosquée abandonnée depuis douze ou quinze ans. La plupart des voyageurs que nous connaissons n’avaient pas pu visiter l’intérieur de cette belle mosquée ; grâce à l’abandon du monument et à l’obligeance de mon aga, j’ai parcouru dans tous les sens cet important édifice et la cour où le vestibule qui l’avoisine. Ce vestibule a deux entrées, l’une à l’occident, l’autre à l’orient ; en passant par cette dernière porte, il faut descendre une vingtaine de degrés ; au milieu de la cour se trouve le bassin d’une belle fontaine destinée aux purifications musulmanes.

Des colonnes de marbre renversées, des fragmens d’architecture antique et de beaux piédestaux se montrent dans le vestibule désert, et les grands arbres qui croissent dans l’enceinte, étendent leurs rameaux sur les murailles dont cette cour est environnée. La porte de la mosquée est au midi du vestibule. Ce qu’on remarque d’abord dans l’intérieur, de cet édifice, ce sont deux magnifiques colonnes de porphyre, d’une seule pièce et de quatorze pieds d’épaisseur, qui soutiennent le plafond de la mos-