Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/303

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il était quatre heures après-midi, et depuis dix heures du matin j’étais au milieu des ruines. J’ai regagné Aia-Solouk pour y chercher de l’eau et des ombrages, et je me suis assis sur une natte au pied du premier platane que j’ai rencontré. Le cafetier musulman d’Aia Solouk est venu m’apporter la pipe et le café. Bientôt, j’ai vu arriver auprès de moi un Turc de distinction, suivi d’une douzaine de gardes. Cet homme, âgé d’environ trente-cinq ans, d’une figure douce et d’un maintien noble, m’a salué de l’air le plus aimable, et s’est assis sur ma natte à côté de moi. « Vous voyez, m’a dit mon drogman, l’aga de Chirkingé gros village situé à quelques heures d’Aia-Solouk. » Osman (c’est le nom de l’aga), m’a demandé mon nom et celui de mon pays. Au seul mot de Français, il a incliné la tête, et comme je lui parlais de ruines, il m’a montré du doigt Aia-Solouk. Osman a pris à ferme le territoire d’Aia-Solouk. On moissonnait pour lui sur les bords du Caystre et au milieu des ruines d’Éphèse. Semblable aux rois des premiers temps du monde, Osman n’avait pour toutes richesses que des troupeaux et des moissons. J’avais vu ses vaches et ses bœufs paître sur l’emplacement présume, du temple de Diane ; ses, brebis et ses chèvres broutaient l’herbe qui croît sur les débris du Gymnase et du Stade. « Comment se fait-il, m’a dit Osman que vous ayez quitté le pays de France pour venir voir des ruines et des hommes comme,