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s’élèvent des collines couvertes de jardins et de maisons, de plaisance. Dans le lointain, au midi, on voit les sommets des monts Pelores ; rien n’est plus ravissant que cette perspective aperçue du milieu de la rade.

Dans le temps des pèlerinages à la Terre-Sainte et pendant les Croisades, les pèlerins et les croisés, partis de Gênes ou de Marseille, s’arrêtaient presque toujours à Messine. Richard-Cœur-de-Lion et Philippe–Auguste y séjournèrent avec leur armée. Comme j’ai avec moi plusieurs des vieilles chroniques de ce temps-là, il faut que je vous transcrive ici un passage curieux de Gauthier Vinisauf, que j’ai traduit sur les lieux et devant le port où abordaient les flottes chrétiennes. « Le roi de France, » dit le chroniqueur, « précéda Richard. Quand on sut qu’il était arrivé au port, les habitans de la ville, de tout rang, accoururent pour voir ce prince, à qui d’autres princes et tant de nations obéissaient ; mais Philippe n’ayant avec lui que le vaisseau qui le portait, sembla fuir la vue des hommes ; il se rendit secrètement dans le château, et tous ceux qui étaient venus sur la rive, trompés dans leur attente jugèrent qu’un roi qui évitait d’être vu n’était pas capable de grandes choses. » « Lorsqu’on sut, » poursuit le chroniqueur, « que le roi d’Angleterre approchait les peuples se précipitèrent de nouveau sur le rivage pour le voir. Toutes-les