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pagne de l’agent consulaire, de mon drogman et de mon cavasi. L’intérieur de la ville m’a paru triste ; pas de mouvement, rien, de ce qui anime une cité. Échelle-Neuve qui, dans ces derniers temps, avait encore quelque commerce, se dépeuple de jour en jour, et son port est désert, on y voit à peine quelques caïques de Samos attachés aux rochers du rivage. On remarque dans le port un château, carré bâti sur un écueil ; ce château est désert comme la rade qui l’environne, et c’est une des ruines de Scala-Nova. Cette Échelle, autrefois assez importante, n’a conservé que ses coteaux fertiles, qui donnent un vin fort estimé ; sa population ne s’élève pas au-delà de quatre mille habitans, Turcs, Grecs, Juifs et Arméniens. Beaucoup de familles juives et arméniennes ont abandonné Échelle-Neuve depuis que le commerce s’est retiré de ce lieu ; notre agent est le seul Européen qui demeure dans cette ville.

En me promenant sur les hauteurs de Néopolis, je voyais au midi le double sommet du mont Mycale, les rivages où fut Priène, la patrie de Bias, et le pays des Cariens ; à l’ouest, j’ai contemplé longtemps l’île escarpée de Samos qui n’est séparée de la cote asiatique que par un détroit d’environ vingt-cinq milles. Les montagnes d’Ampelos, qui traversent l’île dans toute sa longueur, se montraient à moi avec une teinte moitié sombre, moitié azurée. Je n’ai pu saluer ainsi que de loin le berceau de