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rant que cet agent pourrait me donner de précieux renseignemens sur le pays.

L’agent d’Échelle-Neuve, âgé d’environ soixante ans, est un Italien qui a servi Bonaparte dans les campagnes d’Égypte, et après s’être battu pour la France aux bords du Nil, il a mérité l’honneur de la représenter sur une des côtes de l’Ionie. Il s’est marié depuis peu à une jeune Smyrniote qui languit à Scala-Nova comme dans un lieu d’exil, le titre de consulesse, si flatteur dans les contrées du Levant, les beaux bijoux de noce dont elle se pare comme une madone, ne lui ont point fait oublier les saules et les platanes du Mélès, les jardins d’orangers de sa terre natale, les joyeuses fêtes de Bournabat ; assise à l’angle d’un sopha, près d’une fenêtre qui fait face à la rade solitaire, elle cherche en vain des regards ou un sourire la pauvre Grec que a perdu ses plaisirs et ses joies ; elle regrette surtout de ne plus pouvoir figurer chaque soir au milieu de ces groupes charmans placés comme des vases de fleurs aux fenêtres de Smyrne.

À la manière dont notre agent consulaire a répondu à mes premières questions, j’ai bien vu qu’il n’était pas très versé dans l’histoire et dans les, antiquités. Je lui parlais de Néopolis, d’Éphèse, du Caystre, et le bonhomme n’entendait rien à ces mots-là ; il ne connaissait, comme les gens du pays, que Scala-Nova, Aia-Solouk et le Mendéré.

J’ai visité Échelle-Neuve et ses alentours, accom-