Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/282

Cette page n’a pas encore été corrigée

de bois. Il est une providence qui a placé sur tous les chemins de la Turquie, à différens intervalles, des puits et des fontaines pour les voyageurs ; dans un pays où l’ombre est rare et le soleil dévorant, l’eau pure des fontaines est d’un prix infini.

La nuit nous a surpris au milieu d’une, plaine remplie d’agnus-castus et de tamariscs, coupée par des ruisseaux et par des torrens desséchés. Nous étions à trois heures du village de Devedi-Keui où nous devions, nous arrêter. Plusieurs, sentiers se croisaient devant nous ; notre guide, croyant prendre le chemin le plus court, avait pris une fausse route ; nous étions perdus dans des marais où nos chevaux s’enfonçaient jusqu’à mi-jambes. Enfin, des feux qui brillaient au loin, ont aidé notre guide à retrouver le véritable chemin. Nous marchions à la lueur de la lune, l’astre ami des voyageurs : Per amica silencia lunæ. Tout se taisait autour de nous ; je n’entendais que le bruit des pas de nos chevaux, les cris plaintifs des hibous et des grillons et la chanson monotone de mon cavassi.

Il était onze heures du soir quand nous sommes arrivés à Devedi-Keui (village des chameaux) ; nous avions traversé trois petites rivières, dont la dernière se nomme Tourbali. Devedi-Keui, qui compte tout au plus une quinzaine de cabanes, est, pour les caravanes, un lien de halte et de repos. Le café du village est tenu par un Grec à mine joyeuse