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Je me suis mis en route, le 26 juin, deux heures avant le coucher du soleil, accompagné d’un drogman du consulat de France, d’un cavasi ou janissaire et d’un guide. J’étais porteur d’un teskeré ou passeport, que m’avait délivré le cadi de Smyrne. Ce teskeré ne m’a pas été demandé sur ma route : la présence d’un cavasi est encore une meilleure recommandation qu’un passeport. Nous avons passé sur le mont Pagus, laissant à gauche la citadelle, et nous sommes entrés dans une ancienne voie militaire, pavée de pierres énormes. Après deux heures de marche, nous avons vu à droite Sevedi-Keui ; ce nom, qui signifie village d’amour, ne convient pas mal au hameau dont la situation est des plus riantes. C’est là que le voyageur Chandler s’était retiré pendant qu’un fléau terrible remplissait Smyrne de funérailles. Nous suivions un chemin pierreux et inégal, bordé de grands oliviers et de murailles délabrées ; le soleil se couchait en dorant de ses derniers rayons les hauteurs du Galèse, chanté par Tibulle. Les pins et les buissons de ces montagnes jetaient une ombre noire qui semblait lutter avec le jour mourant. Au milieu de ces monts s’élevait autrefois une ville du nom de Gallèse. Nous avons rencontré auprès d’une citerne des femmes qui lavaient des robes, et des Turcs, qui abreuvaient leurs chevaux : à notre approche, les femmes se sont voilées ; un des Musulmans est venu nous offrir à boire dans une tasse