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nous sommes rentrés chez M. Blaque. Tout en savourant le nectar arabique, nous avons lu les journaux d’Europe, et la correspondance de Morée, dont on doit faire le dépouillement pour le Courrier de Smyrne. Je puis vous citer ici comme une des singularités de mon voyage d’avoir assisté à la rédaction d’un journal français au pied du mont Gallèse. Les lettres de Naupli annoncent que le prince Léopold recule devant la royauté des Hellènes qu’il avait d’abord acceptée. Voilà la Grèce qui va rester sans gouvernement, et son organisation, s’il est permis de parler ainsi, est renvoyée aux calendes grecques. Capo-Distrias ne peut supporter le fardeau plus long-temps, et tout va tomber autour de lui.

Je ne vous parlerai point ici en détail de notre conversation sur Grèce. Je vous en donnerai seulement un résumé exact qui vous fera connaître la révolution grecque dans ses rapports avec l’Europe civilisée. — Les Grecs d’aujourd’hui n’ont été que l’objet indirect de l’enthousiasme qui s’est manifeste. C’est au théâtre des événemens, c’est aux souvenirs anciens qu’il faut faire honneur de cet enthousiasme. Telle est la véritable source de toutes les passions romanesques qui se sont mêlées à la révolution de Morée. Comme toutes les choses qui tiennent à l’imagination, la révolution grecque a été vue et jugée de vingt manières différentes ; les uns étaient entraînés par le souvenir vague de leurs