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entourées de grands oliviers. Le village est habité exclusivement par des Grecs. Un aga et quatre gardes turcs sont le seul mélange qui s’aperçoive dans cette population hellénique. Cette colonie, qui semble se préserver avec un certain soin de la fusion, non-seulement avec les habitans de Smyrne, mais avec, ses co-religionnaires qui habitent cette partie de l’Anatolie, a gardé dans ses mœurs la physionomie des anciens Grecs. Retranchés en quelque sorte dans leur village contre tout ce qui pourrait porter atteinte à leur caractère, à leurs usages, altérer en quoi que ce soit l’uniformité de leur petite société, les habitans de Koukoudjia s’allient entre eux, vivent entre eux, et conservent, avec une sollicitude un peu sauvage, des coutumes auxquelles on pourrait presque donner le nom d’institutions.

Cet esprit d’isolement est même poussé si loin, que les habitans de Koukoudjia ont dans leurs mœurs quelque chose d’inhospitalier, dont on s’aperçoit au premier abord. Avant M. Blaque, aucun Franc n’avait guère pu demeurer dans leur village, sans y être volé, insulté, menacé même dans sa sureté personnelle. M. Blaque s’est installé au milieu d’eux, avec la ferme volonté d’y faire respecter son titre d’Européen ; il a travaillé long-temps à les amener à lui, ; à les apprivoiser en quelque sorte comme on apprivoise les hôtes des forêts ; les malades trouvaient auprès de lui les remèdes qui leur manquaient, il venait, au secours des plus