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au dieu Mêles qui a été mon sauveur. » L’antiquité, qui célébra beaucoup le Mélès et qui, en fit un dieu, nous eut rendu à nous et au Mélès lui-même un plus grand service, si elle avait pris soin de nous indiquer la source du fleuve, son cours et son embouchure. Le Mêlès jouirait encore de sa gloire, et nous n’aurions point perdu ses traces. Les, anciennes traditions ayant placé ce fleuve sous les murailles de Smyrne, et cette ville ayant été bâtie et rebâtie en plusieurs lieux différens, on a toujours donné le nom de Mêlès aux rivières qui coulaient près de la cité ; le véritable Mélès a disparu pour nous au milieu de ces déplacemens ; ainsi, la source du Mêlès est devenue un mystère comme le berceau d’Homère, le fleuve et le poète ont eu un même destin.

J’aurais beaucoup de choses à vous dire sur les environs de Smyrne ; mais je crains les répétitions. Il nous arrive souvent de prendre un caïque, et de nous faire débarquer sur un point du rivage. Nous avons visité ces jours derniers les bains d’Agamemnon qui ont conserve quelque célébrité. Les savans du pays racontent que des soldats du roi des rois ayant été blessés dans un combat, trouvèrent leur guérison dans ces eaux thermales, et qu’en signe de reconnaissance, ils suspendirent les casques, et les dépouilles de l’ennemi aux voûtes du temple d’Apollon, dont on voit encore les ruines. Les habitans de Smyrne ont recours à ces eaux dans leurs infir-