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destin, et c’est tenter Dieu que de chercher à l’éviter.

Nous sommes allés hier à Bournabat, village situé au nord-est de Smyrne, à deux heures de distance. On y va également par terre, ou bien dans un bateau qui vous conduit au fond de la rade, à trois-quarts d’heure du village. En prenant le chemin de terre, on marche d’abord entre les jardins de Smyrne et les rivages de la mer, puis, après avoir dépassé le golfe, vous, trouvez des ânes qui vous portent jusqu’à Bournabat ; la route est bien tracée et vous vous croiriez sur un chemin d’Europe ; vous avez à droite et à gauche des tamarics ou de longs roseaux blanchis par la poussière du chemin, des oliviers, des figuiers et des noyers dont l’ombre rare ne vous garantit que faiblement des feux du soleil. La campagne de Bournabat nous a paru assez riante, malgré les ardeurs de la saison ; nous nous étonnions que les vergers et les jardins eussent conservé les couleurs du printemps au milieu de ces torrens de flammes qui tombaient autour de nous. La petite rivière qui arrose le territoire de Bournabat ne suffit pas pour y entretenir la fraîcheur ; il n’y a là de verdure que sur les arbres, et la terre est sèche et brûlée. La petite cité de Bournabat s’élève au penchant d’une colline, ayant derrière elle les hautes montagnes qui dominent les plaines de l’Hermus. Les maisons sont construites avec une certaine élégance ; on remar-