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invoquait les muses dès l’âge où un duvet léger couvrait à peine ses joues, et lorsqu’il conduisait ses troupeaux dans les pâturages de Smyrne, séparés de l’Hermus par trois fois la portée de la voix humaine[1].

Toutes ces campagnes, premier séjour des divinités païennes, avaient quelque chose de sacré qui les mettait en harmonie avec les poésies d’Homère et de ses disciples. Les temples de Diane et e Cybèle peuvent être regardés comme les premiers monumens de la mythologie grecque, et comme si la nature elle-même eùt voulu se prêter ici aux poétiques fictions, les fleuves et les montagnes avaient aussi leurs merveilles qui entretenaient la superstition des peuples. Le rocher qui représentait Niobé, celui qui formait les autels de la mère des dieux, en même temps qu’ils inspiraient les chants des poètes, devaient disposer la multitude à les écouter avec respect ; Homère, dans les temps primitifs, n’était pas seulement regardé comme un chantre harmonieux, mais comme l’apôtre et l’interprète des divinités. Il se mêlait à l’admiration pour ses vers une sorte de dévotion pour son caractère religieux ; voilà pourquoi on lui éleva un temple à Smyrne ; voilà pourquoi on divinisa le Mêlés, et que les grottes qui l’avaient inspiré, furent par-

  1. Voyez l’invocation aux muses, de Quintus dans son poème de la Guerre de Troie.