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de pays au monde où les lois aient été plus méconnues et plus oubliées. Chez ce peuple, ce ne sont pas les lois qui sont barbares, mais les hommes chargés d’exécuter les lois. Voila pourquoi la Turquie est en général si peu connue dans notre Europe ; car les érudits qui ont parlé de ce pays, nous ont fait connaître la législation comme elle est écrite, mais non point dans son application journalière à la marche du gouvernement et des affaires. Vous connaissez à Paris la Turquie telle qu’elle est dans les livres : il faut venir ici pour la voir telle qu’elle est réellement.

Je mettais beaucoup de prix à savoir ce que pense M. Blaque de cette Grèce que nous venons de voir, et qui, de même que la Turquie, ne ressemble pas toujours à ce que les livres nous en disent. Son opinion sur la révolution grecque est tout à fait conforme à celle que je me suis faite sur les lieux. Il est beaucoup plus sévère que je ne le suis dans les jugemens qu’il porte sur le comte Capo-Distrias. La politique du président lui paraît étroite comme l’égoïsme qui en est la base, imprudente comme l’ambition qui en est le mobile, fausse et trompeuse comme la philosophie chimérique qu’il met dans les affaires. Les malheurs de la Grèce dans les derniers temps, ceux qui la menacent pour l’avenir, M.Blaque les attribue à l’administration de Capo-Distrias, aux lenteurs de la politique des cabinets et à l’esprit de discorde qui a de tout temps régné parmi les Grecs.