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des gens qui pensaient comme l’homme d’affaires du dey d’Alger ; la défaite de l’armée française en cette occasion leur aurait fait autant de plaisir qu’elle en faisait aux Turcs ; nous n’avons pas tardé toutefois à être rassurés ; Alger n’est point encore au pouvoir des Français, mais rien ne paraît s’opposer au succès de leurs armes. Telles sont les nouvelles arrivées dans la rade.

Je me suis fait présenter chez le cadi de Smyrne ; c’est un des ulémas les plus instruits qui soient sortis de l’école de Solimahyë ; il a dans la mémoire une foule de maximes tirées des meilleurs auteurs ; il mêle à sa conversation beaucoup d’anecdotes et d’apologues orientaux qu’il cite pour soutenir ou pour exprimer ses opinions et ses sentimens. J’ai demandé au cadi s’il y avait une bibliothèque à Smyrne ; il m’a répondu qu’il y en avait une très ancienne et fort considérable, mais il ne la connaît pas. Il n’a pas le loisir de parcourir des manuscrits poudreux ; les quinze mois qu’il doit passer à Smyrne peuvent être employés, beaucoup plus utilement pour son avancement et pour sa fortune. J’avais entendu parler d’un jugement rendu autrefois par un cadi de cette ville. ; j’ai voulu savoir si ce qu’on m’ayant dit était vrai : voici le fait un pauvre homme plaidait pour une maison contre un homme riche et puissant ; à l’audience, il montra les pièces qui établissaient ses droits ; mais son adversaire fit paraître plusieurs témoins ; alors le cadi