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armés de piques, de pistolets, de fusils, diversement vêtus, assemblés confusément, et courant plutôt qu’ils ne marchent. Ce sont des gens qu’on trouve tantôt parmi les brigands, tantôt parmi ceux qu’on emploie à réprimer le brigandage. Peu leur importe d’être la terreur des bons ou des méchans, qu’ils troublent la société ou qu’ils la défendent, pourvu qu’ils en vivent ! Le chef de cette troupe est sur pied le jour et la nuit ; lorsqu’on l’attend d’un côté, il paraît de l’autre, ou plutôt il est partout à la fois ; il se montre souvent armé d’un énorme bâton, et lorsqu’il élève en l’air le signe ou l’instrument de sa justice, tout le monde fuit ; vous devez croire que ce que nous appelons la légalité ne l’arrête pas dans ses expéditions ; il est lui-même la loi, la loi vivante, la loi qui voit et qui écoute, qui avertit et qui frappe. Lorsqu’il s’agit d’une arrestation, il n’en cède pas volontiers l’honneur à d’autres ; il en est de même de ses jugemens qu’il exécute quelquefois sur place et même avant de les avoir rendus. Ce qu’il y a de curieux, c’est qu’il a gagné de la popularité à ce métier-là, tant on estime ici tous ceux qui se rendent redoutables par quelque côté.

Cette police est chargée de surveiller et de punir toutes les infractions au Coran, les actions contraires aux bonnes mœurs, la fraude dans les marchés ; malheur à ceux qu’on trouve vendant à faux poids, à fausse mesure, crime irrémissible en Turquie ; malheur à ceux qu’elle rencontre à des heu-