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venu d’Europe, comme un véritable souvenir de la patrie. Ainsi toutes les préventions que la philosophie moderne a répandues contre le christianisme et ses ministres, n’ont jamais pu complètement s’accréditer en Turquie.

Je reviendrai sur les Francs avec lesquels j’ai naturellement plus de rapports ; mais pour juger, la physionomie de la cité, il faut surtout la chercher dans la diversité des sectes, entre lesquelles se partage la population. Je commencerai par les Juifs, quoique j’aie très-peu de chose à dire de ce peuple partout mystérieux et difficile à connaître, se tenant toujours à l’écart et vivant toujours isolé. Un étranger ne pénètre pas facilement dans les foyers ou dans la famille des enfans d’Israël ; hors de leurs synagogues que je n’ai pas vues, ils ne se montrent guères que dans les lieux où il se fait quelque trafic ; le premier soin des Hébreux, c’est de cacher leurs trésors ; le second, de cacher leur vie ; si vous ne pouvez les étudier aux bazars, et les saisir au passage dans la, rue, il ne vous restera qu’à les suivre dans leurs cimetières, où des emblèmes de leur profession, et de longues inscriptions gravées sur le marbre, annoncent quelquefois, ce qu’ils ont été et ce qu’ils ont fait dans ce monde.

Presque tous les Juifs de Smyrne sont pauvres ; la concurrence des Arméniens leur a ôté beaucoup de leur moyens d’industrie. La population arménienne s’accroît tous les, jours ; le quartier