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heures parées de leurs plus beaux atours, et assises devant une fenêtre u dans un balcon, de manière à voir les passans et à en être vues. Immobiles et silencieuses, elles restent là comme des portraits dans leurs cadres ; et lorsqu’on parcourt certaines rues, telles que la rue des Roses, on croirait traverser une galerie de tableaux. Les fenêtres ou balcons auxquels se placent ainsi les dames de Smyrne sont construits tout exprès. Une maison ne serait pas bien bâtie, si elle n’offrait au beau sexe ce moyen innocent de prendre l’air et de se montrer en public. Je n’irai pas plus loin sur ce chapitre, et pour ne pas me brouiller avec les dames de Smyrne, je me hâte de dire qu’elles ont une grande réputation de beauté et qu’elles la méritent.

On parle à Smyrne plus de langues qu’on n’en parlait dans la tour de Babel, la plus usitée parmi les Francs, est un mauvais jargon italien, fort répandu dans l’Archipel et sur toutes les côtés de la Méditerranée : c’est là tout ce qui est resté, dans les temps modernes, de la domination de plusieurs villes d’Italie qui, au moyen-âge, avaient recueilli, à force d’industrie, l’héritage de l’ancienne Rome en Orient. Dans toutes les Échelles du Levant, il arrive tous les jours de pauvres Italiens que la misère, des condamnations ou des circonstances fâcheuses ont éloignés de leur pays ; on les retrouve partout. Nous sommes logés chez un Romain, tout est romain dans la maison jusqu’à la servante.